Levons le voile sur l’indécision vocationnelle, un processus normal

Au début du siècle passé, il y avait peu de professions offertes aux jeunes. Selon leur classe sociale, le parcours n’était pas le même. Les mieux nantis se dirigeaient vers la prêtrise, les secteurs de la santé ou du droit, les plus aventureux dans le domaine de la culture, alors que la classe ouvrière occupait des emplois en usine ou en agriculture, plus pour assurer sa survie que par véritable choix.

De nos jours, avec la multitude de programmes qui s’offre aux jeunes, il n’est pas rare de constater une certaine ambivalence devant autant de possibilités de professions qui leur sont offertes. Le dicton « trop c’est comme pas assez » prend tout son sens. Plusieurs critères entrent en ligne de compte dans un processus décisionnel. D’abord, la durée des études et la proximité des établissements scolaires. Certains jeunes sont divisés entre l’option de réaliser des études postsecondaires ou d’intégrer rapidement le marché du travail, surtout s’ils ont rencontré des difficultés d’ordre scolaire. Pour ces personnes, faire des études supérieures peut être une source d’anxiété. Comme autre facteur, il y a l’accessibilité à l’aide financière aux études. Certaines personnes ne sont pas admissibles au programme gouvernemental de prêts et bourses et à l’aide financière d’Emploi-Québec, ce qui vient interférer dans leur processus. Enfin, le contingentement des programmes freine l’ardeur de plusieurs candidats qui ne déposeront pas de demande d’admission par peur d‘être refusés. Devant un refus, certaines personnes peuvent carrément décider de quitter les études pour une longue période. C’est souvent la précarité d’emploi et les faibles conditions de travail qui ramèneront les jeunes sur les bancs d’école.

Pas de garantie

Même après avoir pris en compte tous ces paramètres et avoir rencontré un spécialiste de l‘orientation scolaire et professionnelle, ces jeunes n’auront pas la garantie qu’ils font le bon choix. Ils doivent pouvoir se rapprocher de la vérité et faire confiance à la vie, surtout qu’il peut y avoir plusieurs postes différents associés à un même domaine (exemple : une personne qui a obtenu un baccalauréat en sciences de l’orientation et une maîtrise en orientation pourrait travailler comme aide pédagogique individuelle, conseillère en informations scolaires et professionnelles, conseillère à la gestion des études, conseillère en emploi, etc.).

Les croyances

Certaines croyances erronées peuvent augmenter l’anxiété vocationnelle chez les gens et ainsi venir compliquer leur processus décisionnel. En voici quelques exemples :

Dans un premier temps, la personne a peur de se tromper et de prendre une mauvaise décision. Elle veut avoir la certitude qu’elle fait le bon choix. Il faut l’amener à se documenter, lire et mieux connaître les professions. Elle pourrait assister aux rencontres d’information offertes par les différents programmes, ou être élève d’un jour, mais l’idéal serait qu’elle rencontre un travailleur sur le terrain pour mieux comprendre son quotidien.

Certaines personnes croient qu’elles doivent faire un choix pour la vie, ce qui n’est pas nécessairement le cas. Elles pourraient longtemps occuper la même fonction ou au contraire être intéressées par la nouveauté et occuper d’autres postes dans le même secteur d’activité. Choisir un programme d’études qui permet beaucoup de mobilité professionnelle peut favoriser la motivation au travail.

Certains disent qu’ils n’ont pas le droit de changer d’idée, car ceux qui changent d’idée ne réussissent jamais rien. Cette croyance est un facteur contributif à l’anxiété. Bien au contraire, pour maintenir une saine santé mentale, il est nécessaire de changer de direction quand le programme ne convient pas à la personne. Entreprendre des études dans un programme est souvent la meilleure façon d’évaluer s’il nous convient.

Enfin, comme dernier facteur, il y a la pression des parents et de la famille d’étudier dans un programme qui n’intéresse pas le jeune. Les parents veulent le meilleur pour leur enfant, et pour eux la sécurité et la stabilité d’emploi viennent au premier plan lors d’un choix de carrière au détriment de l’intérêt du jeune pour un domaine particulier. Cette situation peut être source de conflit entre les parents et l’enfant et influence sa décision de quitter le milieu scolaire si aucun compromis n’est fait.

Une année sabbatique, crainte de tous les parents!

Plusieurs parents n’aiment pas que leur jeune prenne une année sabbatique pendant ses études, car il n’a pas d’idée claire de ce qu’il veut faire plus tard. Souvent, ils ont peur qu’il ne retourne pas aux études et prenne goût à l’autonomie financière qu’un emploi procure. Ce n’est pas la majorité, mais certaines personnes ont besoin de changer d’air, de voyager pour apprendre à mieux se connaître. On dit que les voyages forment la jeunesse; cela permet de prendre du recul en ce qui concerne le projet professionnel. Le fait de travailler et de vivre de nouvelles expériences permet d’apprendre à mieux se connaître et d’exploiter ses forces, mais également de mieux cerner ses champs d’intérêt. Cette démarche est bénéfique si le jeune qui se prête à l’exercice décide de revenir aux études. Chose certaine, il est préférable que le jeune emprunte ce parcours, car demeurer aux études en changeant de programme sans cesse épuise le nombre limite de mois d’études pour lequel une aide financière peut être attribuée par le programme des prêt et bourses.

En somme, l’indécision n’est pas chronique. Par la recherche d’informations, le dialogue avec les parents et parfois une démarche d’orientation, le jeune peut arriver à faire un choix de programme qui lui convient.

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